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La réduction des méfaits, une question de politique(s) et de santé publique

POUR DIFFUSION IMMÉDIATE
Montréal, 8 juin 2022 – Lettre ouverte de la TOMS

Audréanne Smith, chargée de la concertation communautaire montréalaise sur les surdoses

Récemment, nous constatons une évolution encourageante des discussions politiques autour des lois qui régissent les drogues. Profitons-en pour nommer les différents enjeux en lien avec ce dossier, notamment parce que les réalités des personnes qui consomment ne sont pas prises en compte. 

La décriminalisation des drogues fait, sous toute réserve, partie des enjeux d’intérêt pour les groupes et personnes qui incarnent les principes de la réduction des méfaits dans leur vie personnelle ou professionnelle. Nous savons à la TOMS et parmi tant d’autres groupes de personnes concernées que ce n’est pas une réponse miracle, mais bien un moyen parmi d’autres pour entamer une remise en question du modèle prohibitionniste et prévenir une multitude de complications évitables ou au potentiel d’être grandement amoindries pour celleux qui consomment. Les conséquences de la criminalisation des personnes faisant usage de substances illicites figurent en tête de liste des complications, avec les nombreux impacts que cela a au niveau des surdoses. Comme le mentionne Martin Pagé, directeur de Dopamine, l’un des 31 groupes membres de la TOMS: «Nous avons besoin de combattre beaucoup plus que ce qui se fait actuellement.(…) Une meilleure solution serait de légaliser les drogues, contrôler ce qui les composent tout en offrant du support aux personnes qui les consomment.»1 D’autres initiatives en réduction des méfaits sont aussi déployées par nos membres, qui sont issus du milieu communautaire, notamment les programmes d’analyse de substances du GRIP et de CACTUS Montréal

L’écartement du projet C-216 par la Chambre des communes démontre que le maintien d’une population en santé, peu importe le profil de ses membres, passe après les calculs politiques partisans, et il en va de même au Québec. Il est facile de dire que ce n’est pas une discussion nécessaire à tenir ici lorsque les données relatives aux surdoses, éparpillées dans les données policières, dans celles du coroner ou encore à la santé publique, et le moyen de signalement sont difficilement accessibles. Comment qualifier la situation actuelle quand nous ne disposons que de données limitées et incomplètes? De plus, il faut rappeler aux élu.es que les surdoses non fatales existent aussi et peuvent avoir un impact réel et durable sur la qualité de vie des gens qui en ont vécu et sur leur entourage. Les données accessibles ne comptabilisent pas ces situations et ces données ne sont pas disponibles en temps réel, ce qui empêche une réponse adéquate et adaptée aux besoins des gens. Quoique limitées, ces dernières viennent appuyer les constatations faites sur le terrain par nos membres, qui déplorent les situations de surdoses, mais surtout leur hausse depuis 2019, toutes substances confondues. Afin de pallier au manque de données disponibles, la TOMS travaille avec ses membres sur une réponse communautaire, le PODS, qui recense et détaille les informations liées aux surdoses et les substances qui les causent survenues à Montréal en temps opportun. Les élu.es de la Ville, qui appuyaient le projet C-216, feront-ils pression auprès des instances provinciales et fédérales afin d’encourager la mise en place d’une législation semblable à la Colombie-Britannique?

Permettons-nous aussi de rappeler la nécessité de la participation active et continue des gens qui consomment, ou ont consommé, et aux profils représentant le plus justement possible la diversité des personnes concernées et leurs besoins. Par exemple, du côté de la Colombie-Britannique, plusieurs groupes et militant.es se sont prononcé.es avant l’adoption du projet concernant les seuils insuffisants de 2,5 grammes. Cette décision ne semble pas être une réponse réaliste, mais plutôt arbitraire aux yeux de plusieurs groupes communautaires, y compris les organismes chapeautant les SCS/CPS et nos membres. Comme l’illustre si bien le rapport Splitting and Sharing : «il est important de noter que les personnes qui consomment ont tous et toutes différents seuils de tolérance, et que la quantité utilisée peut varier drastiquement selon le type de substance.»

Liens et ressources

Étude menée auprès des données du coroner par l’AQPSUD et Université de Montréal:

Portrait pancanadien illustré des surdoses:

Portrait de la situation ailleurs au Canada:

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1 Traduction de l’article suivant: https://bit.ly/3NBsmx0

2 Traduit de: Ranger, Corey, Touesnard, Natasha, Bonn, Matthew, Brière-Charest, Kim, Wertheimer, Sophie, Kolla, Gillian, Ka Hon Chu, Sandra, Fong, Clem, & McDougall, Patrick. (2021). SPLITTING & SHARING IN OVERDOSE PREVENTION AND SUPERVISED CONSUMPTION SITES: Survey Results (4.0.0). Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4750189

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