Lettre cosignée par Marjolaine Pruvost, Coordonatrice de la TOMS
MONTRÉAL, 7 déc. 2020/ – Les groupes d’actions communautaires sont sur le terrain, jour après jour, afin de soutenir les personnes en situation de vulnérabilité pour améliorer leurs conditions de vie et de santé. Devant l’augmentation inquiétante de la détresse pendant la pandémie, les groupes communautaires ont tenu le phare, avec des ressources très limitées.
Le sous-financement chronique des groupes n’est plus à démontrer. Pour la seule région de Montréal, avant la pandémie, les groupes en santé et services sociaux financés au Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) documentaient les besoins supplémentaires à 107 millions de dollars annuellement. La timide augmentation de 7 millions accordée ne suffira pas à faire diminuer la pression.
Les fonds d’urgence du gouvernement du Québec se sont révélés inadéquats. Les premiers, destinés à l’ensemble des groupes admis au PSOC, étaient largement insuffisants et d’autres visaient des initiatives centralisées, occultant les besoins directs dans les quartiers. Incompatibles avec les réalités de fonctionnement des groupes et attribués pour de très courtes périodes de temps, ces fonds mettaient les groupes dans l’impossibilité de planifier comme de procéder au recrutement de personnel compétent.
À titre d’exemple, ces fonds visent en grande partie à compenser des dépenses passées. Or, bien peu de groupes peuvent se permettre de dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas, entre autres en raison des normes comptables. Seuls les groupes déjà très financés peuvent prendre de tels risques. Cette orientation nuit à la diversité des approches, exacerbe les inégalités de financement et laisse de côté les populations les plus marginalisées.
Le manque d’adéquation entre les besoins des organismes et la réponse du gouvernement est si grand que l’argent mis à la disposition des groupes reste sur la table, malgré l’immensité des besoins.
Il peut être tentant de chercher des solutions « clé en main » en s’adressant uniquement à de grandes organisations, en cherchant des retombées chiffrées immédiates à haut potentiel médiatique. La grande concentration des financements publics au sein d’une poignée de grands groupes confère un pouvoir démesuré à un petit nombre d’individus rompus à l’efficacité managériale au détriment de la justice sociale. Pourtant, l’intérêt général et la recherche du bien commun devraient nous guider également vers des organismes de proximité.
Il n’est plus temps de gérer cette crise à rebours ni à la petite semaine. Ses effets se feront sentir à long terme. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de soutenir les groupes d’action communautaire autonome. Il est plus que temps de reconnaître la diversité des besoins et donc des approches, et l’intervention « par et pour », qui sont dénaturées par le détournement des sommes dédiées vers des structures quasi institutionnelles.
Marie-Andrée Painchaud-Mathieu
Coordonnatrice, Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM)
Aurélie Broussouloux
Directrice, Réseau alternatif et communautaire des organismes en santé mentale (RACOR)
Annie Savage
Directrice par intérim, Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM)
Anne Pelletier
Directrice, Regroupement des organismes en déficience physique de l’île de Montréal (DéPhy Montréal)
Diana Lombardi
Coordonnatrice, Réseau d’action des femmes en santé et services sociaux (RAFSSS)
Ghislaine Goulet
Directrice, Comité régional pour l’autisme et la déficience intellectuelle (CRADI)
Maryse Bisson
Coordonnatrice, Coalition pour le maintien dans la communauté (COMACO)
Marjolaine Pruvost
Coordonnatrice, Table des organismes communautaires montréalais de lutte contre le sida (TOMS)