Des grandes lignes à la fine pointe de recherche actuelle en VIH
Est-ce que pour vous aussi vos feed semblent très lourds depuis le début de l’année? Ailleurs dans le monde, la recherche et l’accessibilité des traitements se font subitement vulnérabiliser par des politiques américaines rétrogrades. Malgré tout, quatre avancées scientifiques rafraîchissantes pour la lutte contre le VIH (new PrEP drop en plus!) mérite d’être épinglées.
Quatre héros: dépistage, prévention, traitements et avenir de l’indétectabilité
1- Dépistage: où sont les autotests?
La TOMS félicite ses partenaires de la campagne de promotion du dépistage au VIH «HIV testing? For spring? Groundbreaking…» pour la réaction médiatique qu’ils ont eu, au début juillet, en revendiquant l’accès pressant aux trousses d’autotests. En mettant de la pression sur l’inaction des pouvoirs publics dans le financement et la distribution massive des autotests, la COCQ-sida et REZO ont attiré l’attention sur le premier élément clef pour mettre fin à la pandémie du VIH: dépister!
2- New PrEP drop — avec couverture par la RAMQ
La PrEP (prophylaxie pré-exposition) injectable à longue durée est une des grandes tendances dans la prévention du VIH depuis l’approbation par l’OMS1 du cabotegravir injectable en 2022. Depuis le printemps 2025, l’Apretude, est la nouvelle recrue étoile en termes de PrEP remboursée par la RAMQ. Ce premier élargissement de couverture provinciale au Canada souligne une belle tendance dans l’investissement public basé sur des choix accessibles, faciles (ce type de PrEP aurait peu d’effets secondaires graves)2 et qui pour nous semblait une évidence.
3- Une molécule des années 1990 fait son come-back
Dans un esprit rétro, une molécules top model des années 1990 s’est prouvée hautement efficace pour les PVVIH qui n’ont pas eu de succès avec la prise de traitements ARV typiques. Unique dans son genre, le lenacapavir est de retour sur les passerelles du traitement hautement efficace.
- C’est quoi? – Le lénacapavir est de la classe des inhibiteurs de capside, catégorie de molécules qui dézippent l’ARN du VIH lorsque le virus tente de se reproduire à l’intérieur des CD4. Originellement une posologie sous forme de pilule, le lénacapavir pourrait bientôt suivre la tendance des injectables à longue durée et être administré aux six mois.
- Quoi de neuf? – Le lénacapavir est peu cher à produire et acclamé parce qu’on peut facilement l’ajouter à divers régimes de traitements communs, renforçant ainsi le bouclier de traitements d’envergure.
Selon nos collègues chez CATIE, «Léna» fait actuellement l’objet d’essais cliniques menés auprès de 229 personnes vivant avec le VIH au Canada, dernière étape avant sa mise en marché. Suivant la tendance du cabotegravir, le lénacapavir pourrait bientôt également être employé comme PReP.3
Parlant d’injections….
4- Les anticorps à neutralisation large (les bNAbs) ravivent l’espoir d’un éventuel remède – Lire l’intégralité de ce message!
Les anticorps à neutralisation large (ou broadly Neutralizing Antibodies) sont les stars de la recherche internationale depuis l’annonce, au printemps 2025, d’études prometteuses auprès de participants américains et sud-africains.
- Pourquoi on en parle? – Mettant à l’épreuve les savoirs génétiques sur l’ARN, cette étude bicontinentale cherchait à imiter le système immunitaire de personnes chez qui l’infection ne progresse pas, qualifié d’une une rare superpuissance naturelle4 de produire des anticorps qui contrôlent l’infection pendant longtemps sans intervention médicamenteuse immédiate. Dans la technique des bNAbs, les protéines présentes chez ces personnes sont synthétisées afin d’être administrées pour stimuler la production d’anticorps chez les PVVIH à progression dite typique.
Ces récents essais internationaux ont démontré la capacité de réduire la charge virale du VIH jusqu’à l’indétectabilité, par moyen d’une simple injection de cette solution aux 6 mois (ou même annuelle!) chez une bonne moitié de la cohorte initiale composée d’hommes vivant avec le VIH et en bonne santé. La technique est bonne, même merveilleuse, mais fait défaut quant à son efficacité trop variable chez l’autre moitié des participants. Nous tenons à souligner que malgré un suivi médical rapproché, 5% des participants ont développé des symptômes et prodromes du sida en moins d’un an. Ils ont été retirés de l’étude et rapidement remis sur traitements ARV.
Il se peut que ce traitement par anticorps à neutralisation large soit perfectionné dans les prochaines années (en combo avec le lenacapavir, why not?), ce qui nous fournirait un outil star (c’est l’Institut Pasteur qui le dit!) parmi l’offre d’injectables à longue durée.
- «L’OMS recommande le cabotégravir à longue durée d’action pour la prévention du VIH», Organisme mondial de la santé, juillet 2022
↩︎ - Les effets secondaires seraient aussi minimes que ceux de son ingrédient principal commun dans le traitement de l’infection au VIH, le cabotegravir (quant à leur prévalence, même si le ressenti d’une minorité de personnes en début du traitement peut varier): voire, nausées, troubles de digestion ou de sommeil dans la phase initiale d’adaptation à l’injection; attention particulière aux effets secondaires atypiques pour le cabotegravir: anxiété, cauchemars. (CATIE, 2022) ↩︎
- «L’OMS recommande le lénacapavir injectable pour la prévention du VIH» Organisme mondial de la santé. 28 juillet 2022 ↩︎
- Long term non-progressor (LTNP) HIV infection – PMC. Quant à la rareté: il est estimé que moins de 5% des personnes vivant avec le VIH seraient doté de cette capacité immunitaire. ↩︎