Article de la TOMS
La Table des organismes communautaires montréalais de lutte contre le VIH/sida (TOMS) joint sa voix à celles déçues par le contenu du budget déposé hier par le ministre Éric Girard.
Depuis plus de 40 ans, nos communautés se mobilisent activement pour lutter contre l’épidémie du VIH, contre les montées de toutes les ITSS et pour mettre en place des pratiques de réduction des méfaits respectueuses des besoins de nos communautés. Aujourd’hui encore, les communautés les plus touchées, soit les hommes de la diversité sexuelle, les personnes de la diversité de genre, les travailleur.ses du sexe, les personnes migrantes, les personnes qui consomment des substances psychoactives, les jeunes et les personnes marginalisées revendiquent un meilleur accès aux traitements et aux moyens de prévention, notamment par leur implication au sein des groupes communautaires qu’elles ont mis sur pied pour agir là où les institutions ont failli.
Il y a environ 20 ans, le gouvernement se dotait d’un plan d’action pour enfin lutter à bras-le-corps contre l’épidémie et soutenir les groupes communautaires dans leurs efforts de prévention et de soutien auprès des personnes vivant avec le VIH. Si l’investissement monétaire initial rattaché à ce plan est venu donner un nouvel élan à la lutte, force est de constater, aujourd’hui, que la lutte n’est pas une priorité pour le gouvernement. Aux mots même du ministre Christian Dubé, «[…] on [le gouvernement] a peut-être un peu baissé les bras.» 1
Avec le dépôt du budget hier, le gouvernement n’a pas « un peu » baissé les bras, il nous laisse tomber, point.
Depuis 5 ans maintenant, la TOMS multiplie les interpellations auprès des différents paliers gouvernementaux et des différentes instances du réseau de la santé pour que nos communautés obtiennent les moyens de lutter à plein régime contre l’épidémie du VIH et des ITSS. Ces moyens sont divers : rehaussement des financements à la mission et aux activités de lutte au VIH, accès aux matériel de prévention de tout acabit, accès accru aux services de dépistage et de traitements, etc. Tous nos interlocuteurs nous assurent que la lutte est importante et nécessaire, mais les mots ne se traduisent pas en action concrète pour nos communautés.
Les montants disponibles en prévention du VIH et des ITSS dans la métropole sont insuffisants: en 2024, les groupes communautaires se sont partagés une enveloppe d’environ 3,5M$, fonds auxquels il faut ajouter un supplément non-récurrent d’une autre enveloppe pour la prévention des surdoses d’opioïdes, pour un peu moins de 5M$ au total. Les groupes demandent 20M$2.
Dans le budget rendu public hier, c’est zéro dollar qui est investi dans la prévention du VIH et des ITSS ou encore dans le soutien aux personnes vivant avec le VIH. Dans un contexte où nous avons peu de bonnes nouvelles depuis près de 10 ans, une réponse, même partielle, à nos demandes aurait été porteuse d’espoir.
Plus largement, nous appellons à un renforcement du filet social. C’est en portant des mesures qui améliorent le quotidien des personnes les plus marginalisées que notre société a connu ses plus grandes avancées. Le milieu communautaire doit être soutenu à la valeur de ses contributions à la société.
- https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2123564/lutte-vih-sida-motion-assemblee-nationale-quebec ↩︎
- Ce montant prend en compte les demandes de rehaussement des financements à la mission déposées par les groupes communautaires et les demandes déposées auprès de la DRSP de Montréal. ↩︎